Parler de la mort aux enfants : comment choisir les mots adaptés ?

Parler de la mort aux enfants : comment choisir les mots adaptés ?

29 avril 2025 0 Par hannah

La mort fait partie de la vie. Pourtant, lorsque le moment vient d’en parler avec un enfant, les mots nous manquent souvent. Doit-on tout dire ? Faut-il utiliser des euphémismes ? À quel âge peut-on vraiment comprendre la notion de mort ? Ce sujet délicat mérite une approche sincère et adaptée à l’âge de l’enfant. Voici quelques repères pour accompagner au mieux les plus jeunes face à la perte d’un proche ou aux questions existentielles.

Comprendre la perception de la mort selon l’âge

Avant de parler de la mort à un enfant, il est important de comprendre comment il la perçoit selon son âge :

  • Avant 3 ans, l’enfant n’a pas conscience de l’irréversibilité de la mort. Il perçoit surtout l’absence d’une personne familière, sans comprendre ce qu’elle signifie.

  • Entre 3 et 6 ans, l’enfant commence à poser des questions. Il peut croire que la mort est temporaire ou réversible, un peu comme dans les dessins animés.

  • Entre 6 et 10 ans, la compréhension de la mort s’affine. L’enfant sait que c’est irréversible, mais il peut penser que cela n’arrive qu’aux autres.

  • Après 10 ans, l’enfant saisit pleinement ce qu’est la mort, son caractère universel, inévitable et définitif.

Adapter son discours en fonction de cette maturité psychologique est essentiel pour que les mots aient du sens et ne génèrent pas d’angoisse inutile.

Privilégier la vérité, avec des mots simples

Mentir ou édulcorer la réalité peut, à terme, créer plus de confusion et de stress. Il est préférable de dire la vérité, mais avec des mots à la portée de l’enfant. Par exemple :

  • Évitez les expressions floues comme « il est parti » ou « elle s’est endormie pour toujours ». L’enfant pourrait croire que la personne peut revenir ou développer une peur du sommeil.

  • Préférez des formulations claires, comme « Mamie est morte. Cela veut dire que son corps s’est arrêté de fonctionner et qu’elle ne reviendra pas ».

Utiliser le mot « mort » n’est pas cruel : c’est une réalité que l’enfant doit intégrer pour pouvoir faire son deuil sainement.

Accueillir les émotions, les vôtres et celles de l’enfant

Parler de la mort, c’est aussi parler de la tristesse, du chagrin, de la peur. Il est important de laisser l’enfant exprimer ce qu’il ressent, même si cela vous bouleverse.

  • Ne minimisez pas ses émotions : « Tu as le droit d’être triste, moi aussi je le suis. »

  • N’ayez pas peur de montrer vos propres émotions. Cela montre à l’enfant qu’il est normal de pleurer ou d’être bouleversé face à la perte.

  • Rassurez l’enfant sur ce qui reste stable : « Même si Papi n’est plus là, je suis là pour toi, et je t’aime très fort. »

Créer un espace d’écoute et de sécurité affective est fondamental pour aider l’enfant à traverser cette épreuve.

Répondre aux questions, même difficiles

Les enfants peuvent poser des questions très directes : « Pourquoi il est mort ? », « Est-ce que toi aussi, tu vas mourir ? », « Est-ce que moi aussi, je vais mourir ? »

Il est important de ne pas éluder ces questions, tout en adaptant les réponses à l’âge de l’enfant. Dire par exemple :

  • « Oui, tout le monde meurt un jour, mais en général, on vit très longtemps avant que cela arrive. »

  • « Ce n’est pas ta faute, personne n’est responsable de cette mort. »

Restez calme et honnête. Si vous ne savez pas répondre, dites-le simplement : « Je ne sais pas, mais on peut en parler ensemble si tu veux. »

Intégrer la dimension symbolique ou spirituelle si cela a du sens

Selon vos croyances ou vos traditions familiales, vous pouvez également expliquer ce que vous pensez qu’il se passe après la mort. Cela peut aider l’enfant à donner un sens à ce qu’il vit, à condition que cela soit présenté comme une interprétation possible, et non comme une vérité absolue.

Par exemple : « Certains pensent que l’âme continue à vivre ailleurs. Moi, je crois que la personne reste dans notre cœur. »

L’important est d’ouvrir un dialogue, pas d’imposer une vision.

Utiliser des supports adaptés

Les livres jeunesse sur le thème de la mort peuvent être de précieux alliés pour aborder la question. Ils permettent d’ouvrir une discussion, de poser des mots sur les émotions et de montrer à l’enfant qu’il n’est pas seul à vivre cela.

Parmi les ouvrages souvent recommandés :

  • Au revoir Blaireau de Susan Varley

  • Dis, c’est quoi la mort ? de Claude Béata et Patrick Ben Soussan

  • Le grand voyage de monsieur Cacaouette de Francesca Sanna

Parler de la mort à un enfant n’est jamais simple. Mais en choisissant des mots clairs, en restant sincère et à l’écoute, on peut lui offrir un espace rassurant pour poser ses questions et exprimer ses émotions. Ce dialogue, aussi difficile soit-il, est une étape importante pour l’aider à grandir et à apprivoiser la perte.